ECRITS DU BOCAGE...
La vie rurale et la mémoire des campagnes sont au cœur de nombreux textes de Jean-Loup Trassard :
Les fermes dans «Paroles de laine», «Nos murs hourdés de terre», «Des fermes», La Déménagerie…
Les chemins dans «Un miroir des ornières», «Chemins ruraux»…
Les haies dans «Terre à hauteur d’épaule»…
Les ruisseaux dans «Des cours d’eau peu considérables»…
L’élevage dans «Taurides», «Bœufs en labeur», «Nous sommes le sang de cette génisse», Ouailles…
Les foins dans «Le tempestiaire», «La cane sauvage»…
Les labours dans «Reprises des terres»,
Les outils dans «Mainmorte», Inventaire des outils à main dans une ferme…
Le fumier dans «Hymne au fumier» (évidemment)...
La forêt dans «Reconnaissance des dehors et des dedans», «Un miroir taillé à la hache», «Lunes grises»…
L’étang dans «Le jour est un fils oublieux», «Les patiences du bord de l’eau»…
La chasse dans «Me réduire à force de chiens», «La queuepercée», Nuisibles…
Trassard est également l'auteur de plusieurs articles engagés pour la défense des paysages et de la civilisation rurale :
«Les arbres de la famille», Revue 303 n° 103, Hors série Végétal, novembre 2008. Pour obtenir la revue...
«Sauvons au moins la grive», Revue 303 n° 56, 1er trimestre 1998, p. 162-169 (épuisé).
«Le saccage du bocage », Le Messager Européen n° 6, Gallimard, octobre 1992 et Revue 303 n° 35, 4e trimestre 1992, p. 6-15 avec 9 photographies (épuisé).
Sous le titre Paroles et écrits du bocage, Trassard a proposé à France Culture une série d’émissions diffusées en février-mars 1979 dans «Les nuits magnétiques».
Ces 10 émissions radio ont été composées par Janine Antoine sur des récits de Jean-Loup Trassard. Prise de son Michel Creis, Danièle Bizien et Madeleine Sola.
Première série :
L’Ancolie, avec Suzanne Flon, Jean-Loup Trassard, Emmanuelle Weisz, la conductrice de moissonneuse-batteuse et la femme de l’étalonnier.
D’un fût gélif, avec Jean-Pierre Sentier, Jean-Loup Trassard et le boulanger.
Les Patiences du bord de l’eau, avec Anna de Carvalho, Roland Dubillard, des cultivateurs.
Hors des lies, avec Michel Robin, Jean-Loup Trassard et le bouilleur ambulant.
Le Jour est un fils oublieux, avec Guy Louret et le forgeron.
Sous le jeu d’une balançoire tournent saisons et cultures. Quelqu’un cherche, au fond d’un sabot ou dans la flamboyante couleur du vin, à reprendre le temps. Le souvenir d’un berceau grince au-dessus des eaux dormantes…
Qu’ils aient leur lieu dans une cave sans limites ou dans un atelier plein de copeaux, qu’ils se glissent entre les nœuds du bois ou qu’ils rôdent la nuit sur le bord des étangs, ces récits se veulent toujours comme plongée absolue et confiante dans la campagne.
En contrepoint aux textes écrits, les habitants mêmes de cette campagne, interrogés dans un village de la Mayenne racontent leur métier. Et les semences des céréales poussent, le fer rougit, le cidre bout, la pâte lève sous l’aventure que rêve chaque récit, tandis que des tracteurs qui passent, le tintement de l’enclume, la pluie sur l’eau, les cris de volaille ou la course des ruisseaux fondent légende et quotidien dans un même bruissement actif.
© Jean-Loup Trassard
Deuxième série :
Taurides, avec Charles Sirjacq et une productrice de lait.
Paroles de laine, avec Daniel Rivière et l’instituteur.
Le cerceau de bois, avec Jean-Marie Patte, Jean-Loup Trassard, des cultivateurs.
Nos murs hourdés de terre, avec Jacques Dufilho et le commis de ferme.
Pâques noires, avec Jean-Luc Terrado et un verratier.
D’un battement d’aile identique, l’horloge et les chauves-souris habitent une demeure drapée dans ses souvenirs. Les champs s’agitent d’intempéries et de travaux. Les fermes terreuses, isolées, resserrent leurs pierres autour des souffles, du murmure. Une fille ne cesse de flatter de la main le pelage du taureau, un enfant nage dans le foin, un homme court nu sur les prairies qu’argente la nuit. Tous les personnages ont la tentation de fusionner avec les éléments, de se perdre par un contact profond avec les choses de la terre, écoutant jusqu’à l’ivresse les signes qu’en peuvent recueillir les cinq sens.
Et quand l’instituteur raconte la boue qui entrave les chemins de l’école, ou un ancien commis de ferme son lit dans l’écurie, ou des agriculteurs les bêtes, le lait, la mise-bas… les images de la campagne mayennaise et l’écriture même que celle-ci a fait naître se rejoignent et se mêlent dans une confrontation sonore, alors qu’un éleveur laisse chanter ses verrats.
© Jean-Loup Trassard