DES COURS D’EAU PEU CONSIDÉRABLES
récits.
Gallimard, coll. Le Chemin, 1981.
216 pages, 140 x 205 mm.
4e de couverture :
Un homme court dans les herbes hautes vers un visage qui s’éveille mais le fil tendu par les araignées n’est plus de ceux qui aident à fuir les labyrinthes… Une forêt que tord et fait hurler la tempête produit une meute, la meute une chasse et la chasse un gibier humain… Dans la broussaille de la Mayenne mythologique, un homme s’efforce de haler ensemble une femme et le jour hors de la nuit… Chacun, c’est connu, rêve qu’il vole. Mais si le ciel était soudain proche, à le toucher ? Au village on cherche des preuves, on interroge les « livres de messe », quel sentiment peut faire voler ? Miroir, la marque faite au tronc des arbres condamnés, mais aussi le mot rend inverses les chemins de qui s’arrache à la forêt et de qui devra s’y effacer… Le rituel ancien du labour, habité de chevaux percherons, réveille encore le narrateur qui, comme tous les personnages de ce livre, a le ventre contre la terre pour embrasser les éléments et sentir mieux leurs résonances, lesquelles vibrent d’un récit à l’autre. Ces vies ne sont peut-être que « cours d’eau peu considérables » selon la définition des ruisseaux dans le dictionnaire. L’encre imite parmi les prés les plus minces de ces filets : mouvement, lumière et chanson ne révèlent pourtant pas le secret, voilà donc des pages écrites sur l’eau…
Sommaire :
Aperçu :
Mais soudain enfoncé jusqu’à mi-corps dans des bottes à boucle, n’était-il pas des leurs ? Ce qui le faisait grandir et descendre n’était-ce pas la foulée d’une jument plus décharnée que la forêt ? Une poignée de drap devenait bride.
Des dents jaunes, autour, grimaçaient – poil noir luisant de sueur cheveux branches cinglantes gorges ouvertes – malgré les coups en pleine face, fort d’une monture éventrable sur les perches rompues, secoué raidi lancé sus à celui, devant, qui se sauvait – il en voyait retourné le blanc visage triste – il forçait une respiration effrénée, éperonnait sa propre chair, fouettait, sabrant les lianes les ronces les troncs de coups dont le bois s’écorchait.
Critique :