La première de mes photographies « artistiques » est une photo de ruisseau. De nombreuses vues de prairies et de chemins, ou encore du ruisseau ont suivi. Toujours à la recherche de lignes épurées. Parce que prises autour de la maison – en toutes saisons, sous divers angles – elles sont assemblées sous le titre Territoire, au sens animal du mot. Le noir et blanc y tient cependant la réalité à distance.
Cet attachement à la campagne m’a ensuite conduit à imiter des scènes agricoles avec mes jouets de ferme heureusement conservés (Les Derniers Paysans). Photographies en couleur cette fois, l’artifice étant visible, il n’est pas nécessaire d’y ajouter. Puis est venue l’idée d’enlever les personnages et de ne garder qu’un paysage miniature, mais en noir et blanc pour parfaire l’illusion (Carnet d'un Voyageur).
S’il était possible de recréer l’air frais d’un matin d’été au-dessus d’une cour de ferme, je pouvais espérer saisir quelques fractions de secondes d’un air, d’un temps, passés soixante ans plus tôt au-dessus des tentatives artistiques de la mère. C’était comme photographier, en couleur, la mémoire (Juste Absente).
Retour alors aux jouets, ceux de la très petite enfance, en questionnant par un double portrait de chacun la force de leur modestie et la longévité de mon souvenir (Petits Cailloux).