TARDIFS INSTANTANÉS
nouvelles.
Gallimard, 1987.
176 pages, 140 x 205 mm.
Portraits d’instants, portraits de lieux, d’objets familiers, la serre, la pompe, un escalier, images démobilisées de l’exode, de l’Occupation, de la Libération, scènes villageoises comme celle des « nègres » montrés dans une baraque foraine ou celle de l’arrivée de la Vierge de Boulogne, rencontres furtives à Paris, dans la rue, le métro, une église… ces brèves proses ont en commun avec des photographies d’être nettes quant à leur objet et cernées d’oubli, de silence, pour ce qui n’est pas à l’intérieur du cadre, l’instant d’avant et l’instant d’après.
Elles jouent donc avec le discontinu de la conscience et du souvenir, mais un rapprochement ici leur permet – puzzle où les angles blessants s’ajointent aux moments de douceur – de former légende pour le narrateur, les paysages assemblés esquissent peut-être un visage où se reconnaîtra le photographe : son autoportrait lacunaire.
- Quoi ?
- Exode
- Naguère
- Ici et là j’
- Petits portraits
… le commandant paraît, « Yaq ! Yaq ! » mais le chien SS n’écoute son nom ni l’ordre en allemand mon père accouru aux cris ouvre porte vers la petite cour ma chatte s’y jette le tueur la suit j’arrive elle est sauvée déjà sur le toit du bûcher d’un bond sans doute prodigieux fait queue dos hérissés au chien qui « Yaq » corrigé par un coup des gants je pleure encore le jeune commandant blond s’excuse très rouge devant ma mère qui me serre, la guerre était aussi pour les chats.
Extrait de Naguère
Critique :
- Gérard Bodinier, « Jean-Loup Trassard et les instants passés », Le Provençal, 20 avril 1987.
- Élisabeth Soutra, Ouest-France, 15 avril 1987.
- Catherine David, Le Nouvel Observateur, 10 avril 1987.
- Claude Prévost, « Aller-retour de la prose à la prosodie », L’Humanité, 8 avril 1987.
- Alain Sacriste, « Le ressac de la mémoire », L’Écho du Centre, 21 mars 1987.
- Bruno de Cessoles, « Le puzzle intérieur de Trassard », Le Figaro littéraire, 16 mars 1987.
- Claude Margat, « Le paysage discontinu », La Quinzaine littéraire, n° 482, 16 mars 1987 :
Tardifs instantanés est un livre fondé sur un pari qui n’est pas près d’être démodé vu qu’il constitue tout à la fois le moteur et l’énigme de l’écriture, et ce pari, Trassard le joue franchement, sans chercher à produire d’autre effet littéraire que celui conféré à son texte par différentes vitesses de lecture.
Étude :
- Franciska Skutta, « Et si on écrivait des photos ? À propos de Tardifs instantanés de Jean-Loup Trassard », in Narratologie n° 6, « Littérature et représentations artistiques », Paris, L'Harmattan, mai 2005, p. 365-376.
- Alain Schneider et Francisca Skutta, « Syntaxe brisée–Texte cohérent dans Tardifs instantanés de Jean-Loup Trassard », in L’Écriture du bocage : Sur les chemins de Jean-Loup Trassard, Angers, Presses de l’Université d’Angers, 2000, p. 301-308.
- Alain Schneider, « Quelques remarques sur la syntaxe de Jean-Loup Trassard et sa portée stylistique dans Tardifs instantanés », in L’Écriture du bocage : Sur les chemins de Jean-Loup Trassard, Angers, Presses de l’Université d’Angers, 2000, p. 309-318.