CONVERSATION AVEC LE TAUPIER
Le temps qu’il fait, 2007.
154 pages, 140 x 190 mm.
Photo de couverture par l'auteur.
4e de couverture :
Le taupier louait ses services dans les fermes et travaillait entre le ciel d’hiver et une terre souvent boueuse à délivrer des taupes le terrain agricole. L'auteur a longuement interrogé celui qu’il connaissait depuis l’enfance.
Ce solitaire, tant démuni, est plus misérable sans doute qu’un domestique agricole mais plus libre. Pourtant, la bouche pleine d’un silence terreux, il s’empêche de dire à table ce qu’il a vu dans la campagne. Il ne peut parler que du temps, des péripéties du métier.
Au récit que fait l’homme de son existence, de ses moyens pour prendre les taupes, de sa quotidienne pensée pour les deviner en leurs galeries (est-ce avec les taupes encore qu’il joue aux cartes le soir ?), l’auteur noue ses propres images. Surgissent alors, furtifs, cernés de haies touffues, quelques caractères paysans, des éclats de voix saisis à travers le bois épais des portes, l’austère vie des fermes, inchangée depuis des temps immémoriaux, désormais presque disparue.
JLT
Aperçu :
Il y a des jours dans une ferme où l’on ne parle même pas au dîner de midi et demie. C’est que le patron est soucieux pour une jument qui a des coliques. Enfin, elle ne sait pas comment se mettre. « Ah, dame, les chevaux, hein… » Non, on garde ça pour soi. On se tait. La patronne a le visage attristé. Le patron, lui, fait comme si rien n’était, sauf qu’il ne parle pas, méticuleux dans son repas, reprenant les miettes en silence. Le commis et le taupier savent que ce n’est pas le moment, ils répondent juste « Merci, ça va » à la patronne qui tout de même pousse encore le plat vers eux ou sert le cidre.
Lire un autre extrait de Conversation avec le taupier sur le site des éditions Le temps qu'il fait...
Critique & Entretiens :
- Jean-Louis Bailly, revue 303, n° 98, 3e trimestre 2007 :
Si Jean-Loup Trassard excelle depuis toujours à faire resurgir un monde que l’accélération du temps a rejeté pour nous du côté des millénaires enfouis, il est aussi un écrivain de haut style et cette Conversation avec le taupier est, sur le plan de l’écriture, un exploit.
- Jean-Pierre Longre, « Les mots de la terre », août 2007.
- Didier Pobel, « En creusant, en écrivant », Le Dauphiné Libéré, 30 juillet 2007.
- François Dufay, « Taupissime ! », Le Point, 19 juillet 2007.
- Frédérique Fanchette, « Taupe là ! », Libération, 28 juin 2007.
- Alain Veinstein reçoit JLT pour Conversation avec le taupier, « Du jour au lendemain », France Culture, 26 juin 2007.
- Pascale Casanova reçoit JLT pour Conversation avec le taupier, « Les Mardis littéraires », France Culture, 26 juin 2007.
- Pierre Campion, « Entre le ciel et la terre. Seul comme le taupier », À la littérature…, 22 juin 2007.
- Didier Jacob, « Profession : taupier », Le Nouvel Observateur, 14 juin 2007 :
Trassard rapporte, patois compris qu’il traduit quand il le faut, le récit que fait Heulot de son métier de preneur de taupes. [...] Il restitue, avec chaleur et humour, la vie de cet homme qui hanta les campagnes des années durant.