TERRITOIRE
textes & photographies.
Le temps qu’il fait, 1989.
56 pages, 165 x 240 mm.
Puisque les photographies montrent un territoire au sens animal du terme, paysage parcouru presque quotidiennement, elles sont horizontales. Au contraire, les textes qui partagent avec elles l’ouvrage peuvent être considérés comme verticaux, bien sûr par l’étagement des lignes qui les composent, mais surtout parce que s’attachant à suivre de près les murs de fermes ils s’arrêtent sur quelques objets d’apparence ordinaire que l’attention et le fait même d’en écrire rend soudain étranges.
Sous le verrou, reliée à lui par une ficelle – la boucle en fut prestement faite autour de la barre immobile – pend toujours une patte de lapin recouverte de sa fourrure beige. Cette morte partie animale parce qu’elle n’est point sanglante à peine révèle qu’elle appartenait au dernier lapin qui, sur cette place, fut immolé puis déshabillé, peau tirée à l’envers jusqu’à la tête d’écorché.
Critique :
- Yves Leclair, La Nouvelle Revue Française, n° 438-439, juillet-août 1989 :
Jean-Loup Trassard fouille et recueille, dans le désastre des dernières campagnes abandonnées à la rouille et aux orties de l’oubli, quelques signes du génie rural qui fut quotidien, témoignant d’un rapport simple et ingénieux, clair et mûri à la vie…
- Jean-Claude Pirotte, La Liberté (Morbihan), 21 avril 1989 :
Peu d’œuvres donnent à ce point le sentiment qu’entre le mot et la chose, aucun hiatus ne s’installe, mais frémit l’éblouissement de la coïncidence. Une sensualité non pas nourrie d’un mouvement de l’esprit, mais attentive à ce mystère sans cesse célébré de la communion du monde et du langage.
- Gérard Bodinier, Le Provençal, 9 avril 1989 :
L’activité évanouie est l’ombre projetée sur les choses que vient éclairer le contre-jour de l’écriture, les choses qui montent à travers le langage comme l’image dans le révélateur. Ce poids d’ombre s’insinue dans le creux des mots, les fait vibrer dans la nuance des tons.
- Elisabeth Soutra, Ouest-France, 14 février 1989.