DORMANCE
roman.
Gallimard, 2000.
324 pages, 140 x 205 mm.
4e de couverture :
La dormance d’une graine est le pouvoir qu’elle tient, sous l’apparence du sommeil, de germer si les conditions deviennent favorables à telle transformation. Il sera bien question de graines, dont le destin eut pour l’humanité la plus haute importance. Mais surtout se révèle une dormance des images : leur aptitude à reparaître, puis à hanter – ici de façon heureuse – nos nuits et nos rêveries. Images de ce qui fut et serait moins oublié, moins perdu, qu’on ne le croit.
Convoqué, bientôt habité, par de jeunes personnages autour desquels se tissent événements, saisons, bêtes et paysages, amour, violence ou peine – présences ressurgies à travers une nuit d’épaisseur non mesurable –, voici que le narrateur, après hésitation, s’ouvre par l‘écriture même une contrée dont il ignorait l’existence si près de sa maison natale.
Dans un demi sommeil, il avance, exalté, fouille la terre comme, en lui, une mémoire antérieure à sa vie, il trouve des visages, des objets et des bruits, un récit que le temps ronge encore.
JLT
Aperçu :
Choc à la nuque. Un poids qui blesse la nuque choit sur sa tête, lui tombe, comme il se plie, sur le dos, sa tête basse alors entourée de membres qui pendent, s’agitent, enserrent ses hanches quand il s’écroule. Des bras il cherche à dégager son corps, en vain repousse de l’épaule, se tourne au sol, présente visage aux griffes qui lacèrent son gilet de cerf, sa peau dessous brûle, des cheveux longs d’en haut pendent, volent, l’entourent, cachent le ciel, il saisit les membres qui s’abattent sur lui et roule encore contre le sol, cheveux en même temps que griffes fouettent ses joues, il attrape aux poignets les deux bras qu’il écrase, soudain rit et la salive crachée l’atteint aux yeux comme venin aveuglant, dans le geste fait pour essuyer – sa main cueille aussi le sang – il se trouve encore retourné, couvert de cheveux blonds mêlés de brindilles et d’herbe sèche, les yeux devant les yeux au-dessus des deux souffles rauques, l’étreinte des cuisses qui le chevauche se relâche un peu, des seins clairs se lèvent devant son regard où encore frémit un soupçon de rire, à l’instant inonde tout le bas de son ventre un jet de pisse qu’il n’évite guère à se tourner entre les jambes d’où jaillit l’odorante. Il s’appuie sur le sol pour se mettre debout…
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